Cela faisait un moment maintenant que j’entendais parler des bienfaits de la cryothérapie, alors quand j’ai appris que juste à côté de chez moi la clinique CLINALLIANCE, située à Villiers-sur-Orge (91), qui propose des soins de suite et de réadaptation avait également un département Sport proposant un concept général de rééducation, de réathlétisation et de prévention des performances sportives incluant des séances de cryothérapie, vous vous imaginez bien que j’ai été tout de suite piquée par l’envie d’aller y faire un tour pour tester et pour en savoir plus🙂
Le 28 février, je me suis donc immergée dans une caisse de très grand froid. Progressivement, et sous contrôle médical, je suis passée de -10°C (5 secs), à -60°C (5 secs), puis à -112°C pendant 3 minutes. Je vous raconte mon expérience dans les lignes qui suivent.
J’ai pu, également interviewer Antoine Janer, le Directeur de la Clinique. Vous trouverez ci-après notre échange. N’hésitez surtout pas à laisser un commentaire et/ou à poser vos questions à la fin de cet article, si vous en avez.
J.B : Bonjour Mr Janer, je vous remercie de bien vouloir m’accorder un peu de votre temps. Pouvez-vous-nous présenter CLINALLIANCE et me rappeler les prestations que la clinique propose ?
A.J : CLINALLIANCE est l’une des premières cliniques de rééducation en île-de-France dans le domaine de la rééducation et des soins de suite, qui existe depuis 50 ans maintenant. Fort de cette expérience, nous avons décidé il y a deux ans, de créer un département sportif en hôpital de jour ou en hospitalisation complète. Via ce nouveau département, nous proposons une prise en charge globale pluridisciplinaire.
L’activité de Soins de Suite et de Réadaptation (SSR) a pour objet de prévenir ou de réduire les conséquences fonctionnelles, physiques, cognitives, psychologiques ou sociales des déficiences et des limitations de capacité des patients (pathologies cardio vasculaire, affection du système nerveux, affections physiques, mentales, personnes âgées, appareil locomoteur etc..) et de promouvoir leur réadaptation et leur réinsertion.
C’est en lien avec le service de rééducation de l’appareil locomoteur et les diverses pathologies concernées par celui-ci (polytraumatisés, prothèse genoux, hanches, chevilles, épaules, suites de chirurgie complexe de la main, traumatologie du rachis et des membres, arthroplasties articulaires, ligamentoplasties, pathologies rhumatismales ; arthrose, rhumatisme inflammatoire chronique, lombo-sciatique, ostéoporose, algoneurodystrophie) que la division sport a été créée. Elle comprend deux médecins du sport, deux kinés, un préparateur physique, un cardiologue.
J.B : Je m’apprête à tester une séance de cryothérapie ; pouvez-vous me dire comment celle-ci va se dérouler ?
A.J : La séance va se dérouler comme suit : vous allez vous mettre en tenue, mettre vos chaussettes, votre bonnet ainsi que vos gants, puis vous munir des Crocs et du masque avant d’entrer dans le premier sas à -10 °C dans lequel vous resterez 5 secondes, puis vous passerez dans le second à – 60 °C dans lequel vous resterez à nouveau 5 secondes. Vous entrerez alors dans le 3ème et dernier sas à -112 °C dans lequel vous resterez 3 minutes. C’est durant cette phase là qu’on recherche les bienfaits. Je vous conseille de respirer lentement pour vous habituer à la température et de ne pas trop bouger pour ne pas trop ressentir la sensation de froid.
La procédure est toujours la suivante : après avoir vérifié le questionnaire médical préalablement remis, nous prenons votre tension (un soignant; kiné, infirmière ou médecin) avant et nous la reprenons également après la séance. Si à tout moment, vous vous sentez mal, vous le dites à l’infirmière présente tout le long du déroulement de la séance, et vous pouvez sortir avant la fin.
DÉROULEMENT ET RESSENTIS DE LA SÉANCE
Je suis arrivée confiante et maintenant que je me retrouve en maillot de bain, chaussettes, Crocs et masque, devant l’écran ci-dessous indiquant les différentes températures par lesquelles je vais passer, je me demande si je n’ai pas été un peu téméraire. Enfin ça ne serait pas la première fois en même temps!
Je suis donc face à moi même dans mon super maillot de bain à fleurs qui n’a pas vu le jour depuis des lustres et je m’apprête à rentrer dans le premier sas à -10 C. J’ouvre la porte, vous savez le genre de portes digne d’un vaisseau spatial sorti tout droit d’un film hollywoodien. « 5 secondes à -10°C, ça devrait le faire », me dis-je. Il fait froid mais je n’ai pas trop le temps de réfléchir, car les 5 premières secondes se sont écoulées et je dois maintenant pousser la seconde porte pour passer dans le sas à -60 °C. Là, mes muscles se contractent un peu plus, et avant que je n’ai le temps de trop penser, le moment de vérité arrive et je dois entrer dans le dernier sas à -112 °C. J’ouvre alors la deuxième porte et entre dans cet igloo moderne ; je ne peux alors plus faire marche arrière !!
Je suis saisie par ce froid sec, et la personne qui est avec moi (on m’a faite passer avec quelqu’un par sécurité car c’était la première fois pour moi) me dit également de ralentir ma respiration. En effet, le froid à – 112 °C a un effet saisissant sur la respiration et il faut rester calme pour habituer le corps à ce changement de degrés soudain. Le compte à rebours à commencé ; c’est parti pour la première minute. Mon corps s’habitue progressivement et j’essaie d’oublier la sensation du froid sur celui-ci en m’y abandonnant totalement et en pensant à autre chose. Et finalement, la première minute passe plus rapidement que prévu.
Ça y est, la deuxième minute est entamée, et, malgré le masque que je porte, les poils de mon nez commencent à se coller ! C’est la première fois que je ressens ça, quelle étrange sensation! Je veux bouger pour me réchauffer mais cela s’avère être une très mauvaise idée car à – 112 °C cela ne fait qu’accentuer la sensation de froid effectivement… je me résigne et essaie d’oublier mes sensations en me concentrant sur autre chose. J’entame alors ma troisième minute! Diverses pensées assaillent mon esprit : « J’y suis, je vais finir ! », « Si les autres y arrivent, moi aussi! », « mais étais-tu vraiment obligée de tester ?^^ »
J’ai la sensation que mes muscles commencent à s’engourdir et le picotement que je commençais à ressentir s’accentue sur les 30 dernières secondes. L’infirmière me rassure en me parlant via le micro en me disant que c’est normal. A ce stade, j’essaie de diriger mon attention sur autre chose : le cours que je vais donner tout à l’heure, ce que je vais manger ce soir, l’article que je vais rédiger…
Et puis, ça y est ! « C’est FINI ! », m’annonce l’infirmière.
J’emprunte alors le chemin inverse afin de repasser dans les deux caissons précédents et regagner la sortie.
Quand je ressors, je jette un regard dans le miroir et vois que je suis rouge comme une écrevisse, ce qui est aussi normal me rassure l’infirmière, car la cryothérapie a des effets de vasoconstriction*. Le temps de me rhabiller, et mon corps commence déjà à retrouver sa température normale progressivement.
L’infirmière reprend ma tension qui est la même qu’à mon arrivée et me dit que je vais sûrement ressentir le besoin de faire une sieste car les séances fatiguent. C’est d’ailleurs pour cette raison que les gens stressés et/ou qui ont des problèmes d’insomnies se tournent vers cette thérapie (voir article suivant).
J’ai ressenti les effets de la séance rapidement après la fin de celle-ci. Je me suis sentie légère, et complètement détendue tout l’après-midi, moi qui suis plutôt assez punchy et toujours à 200%. Je n’avais pas de douleurs en particulier, donc j’ai pu juger les bénéfices de la séance en termes de relaxation et détente. Mais les séances de cryothérapie permettent aussi de soulager beaucoup de maux (voir l’interview ci-après). Je suis également tombée dans les bras de Morphée le soir sans me faire prier et ai dormi profondément jusqu’au lendemain, ce qui n’est pas toujours le cas. Et pour la petite anecdote qui vous fera sourire ; une de mes élèves me voit arriver le soir même et me lance : « mais qu’est-ce qu’il t’arrive aujourd’hui, tu es toute calme? ». Bref, j’ai fait une séance de cryo 🙂
Aussi, je vous recommande de penser à la cryothérapie que vous soyez sportif et cherchiez à récupérer ou que vous ayez d’autres pathologies que vous cherchez à soulager (cf l’interview ci-après). Cela n’est pas insurmontable, il suffit juste de se faire un peu violence la première fois un peu comme lorsque l’on essaie d’entrer dans une piscine pleine d’eau froide alors que l’on est resté 2h00 au soleil! Cependant, si un jour vous décidez de tenter l’expérience, je vous conseille de ne pas prévoir d’aller faire de la Zumba après et d’annuler votre séance de cross-training! On fait repos !!
* définition vasoconstriction: la vasoconstriction désigne le processus naturel qui consiste à diminuer le calibre des vaisseaux sanguins grâce à la contraction des fibres musculaires
SUITE DE L’INTERVIEW
Après cette expérience « rafraîchissante » j’ai poursuivi mon interview avec Mr Janer.
JB : Pouvez-vous également m’en dire un peu plus concernant à qui s’adresse exactement les séances de cryothérapie ? Quelles sont les indications thérapeutiques exactement ?
A.J : Bien sûr. Les séances de cryothérapie s’adressent :
-aux sportifs dans le cadre du programme Sport :
• Aux sportifs blessés afin de récupérer durablement leur capital physique et leur niveau de pratique sportive.
• Aux sportifs en période de préparation ou de récupération qui trouveront les moyens de maintenir et de développer leur potentiel tout au long de la saison.
Les indications thérapeutiques de la cryothérapie sont :
• le soulagement de la douleur
• l’inhibition de l’inflammation
• l’amélioration de la récupération musculaire
• l’effet anti-œdémateux (hématomes et contusions)
• l’amélioration de la résistance aux infections
• les tendinopathies
• l’amélioration du fonctionnement des articulations
Nous sommes d’ailleurs partenaires du Rugby Club Massy-Essonne RCME, de l’équipe de football féminine de Juvisy/Orge et de l’équipe de France escalade BLOC.
-aux patients souffrant de diverses pathologies :
• fibromyalgie et fatigue/tension musculaires
• de pathologies inflammatoires rhumatismales
• de pathologies rhumatismales dégénératives
• de syndromes lombaires et cervicaux (atteintes discales, lumbago, sciatiques
• les états douloureux chroniques
• la spondylarthrite ankylosante
• et encore la sclérose en plaques (même si elles ne guérissent pas elles vont pouvoir soulager le patient et permettre derrière de mieux travailler les séances de kinésithérapie).
En partenariat avec d’autres cliniques, nous souhaitons faire reconnaitre les bénéfices de la cryothérapie en clinique sur ces diverses pathologies (dont la sclérose en plaques) via des études cliniques, car à ce jour il existe peu d’études sur le sujet, les bénéfices de celle-ci étant aujourd’hui surtout connus dans le cadre du sport comme mentionné juste avant. Et c’est justement pour ces pathologies qu’il y a un réel intérêt à faire reconnaitre les bienfaits de la cryothérapie.
En effet, la recherche de la récupération optimum dans le cadre du sport c’est bien, mais il est important de faire reconnaitre les bienfaits médicaux.
-aux personnes fatiguées et stressées (burn-out). Les séances de cryothérapie permettent de se détendre et de retrouver un bon sommeil. Elles agissent également sur la régulation du niveau d’activité centrale, la stimulation des performances psychiques et physiques, ainsi que l’amélioration du bien-être.
J.B : Je suis intriguée, comment fonctionne une cabine de cryothérapie ?
A.J : Il existe deux types de machines avec deux technologies différentes : une machine à air pulsé avec de l’azote liquide et une machine disposant d’un compresseur d’air électrique qui est le cas de la nôtre (qui est la même que celle dont s’est équipée l’INSEEP il y a 8 ans) et dans lequel nous mettons le corps en entier.
Par ailleurs je tiens à dire que notre machine dispose d’une rampe et que du coup elle est accessible aux personnes en fauteuil roulant.
J.B : Voyez-vous une augmentation du nombre de personnes qui viennent vous voir pour des séances ces dernières années ?
A.J : Ce que je peux vous dire c’est qu’en deux ans, nous avons vu passer environ 3 000 personnes.
J.B : Cela est assez conséquent. Sur toutes les personnes qui viennent faire ici des séances de cryothérapie, quelle est la proportion globalement des personnes qui viennent faire des séances dans le cadre de la récupération sportive et des personnes qui viennent faire des séances dans le cadre de pathologies ?
A.J : Nous pouvons dire que 2/3 des personnes qui viennent faire des séances sont des sportifs et que le 1/3 restant vient dans le cadre de pathologies.
J.B : A quelle fréquence peut-on et doit-on pratiquer les séances de cryothérapie ?
A.J : Cela dépend. Les sportifs, les joueurs de rugby de Massy par exemple vont venir faire des séances une à deux fois par semaine. Après les sportifs ciblent selon leur ressenti. En ce qui concerne le traitement des pathologies, notre équipe est la pour accompagner chaque personne selon sa propre pathologie et met alors en place un protocole et un suivi personnalisés.
J.B : Une dernière question, mais pas des moindres, combien coûte une séance de cryothérapie comme celle que je viens de faire et est-elle prise en charge par la sécurité sociale ou les mutuelles ?
A.J : Les séances de cryothérapie ne sont prises en charge que dans le cadre d’une hospitalisation. Sinon, elles ne sont pas prises en charge par la sécurité sociale ; certaines mutuelles peuvent prendre certaines séances en charge cela dépend. Une séance coûte entre 35 et 40 Eur selon la formule que vous choisissez.
J.B : Je vous remercie beaucoup pour votre accueil et votre temps. Je vous dis à très bientôt pour un article sur l’isocinétie sûrement !
Si cet article vous a plu, n’hésitez pas à le partager!
Pour retrouver toutes les actualités de CLINALLIANCE:
Site web : http://www.clinalliance.fr/fr/villiers-sur-orge/
Page facebook : https://www.facebook.com/clinalliance/?fref=ts